Trois puissances économiques mondiales

1. Les Etats-Unis en Amérique et dans le monde.

A. Espaces et population

Ce qui caractérise avant tout les Etats-Unis est l’immensité du territoire : après avoir vu comment se répartit la population, et comment est organisé ce territoire, nous pourrons montrer comment cette immensité constitue une réserve de matières premières. Les Etats-Unis sont une république fédérale, constituée de 50 états, comprenant 260 millions d’habitants, et qui s’étend sur près de 9.5 millions de kilomètres carrés, soit à peu près la taille de l’Europe.
Cependant, les Etats-Unis sont inégalement peuplés : 40% de la population vit dans les 15 états du Nord-Est. A l’est en effet, la densité de la population atteint souvent plus de 100 habitants par kilomètre carré, voire quatre fois plus dans la Mégalopolis. Par contre, à l’Ouest, la densité est beaucoup plus faible : en Californie, il y a moins de 80 habitants par kilomètre carré, et dans le Nevada, par exemple, il y en a moins de 10. Par ailleurs, la population américaine est très mobile : le Sud et l’Ouest sont des régions d’accueil : la Floride est un état où vont vivre beaucoup de retraités, alors que le Texas, avec son industrie dynamique, attire plutôt les actifs. Les principaux états de la Sun Belt, Floride, Texas et Californie, ont entre 1960 et 1990 augmenté leur population de près de 50%, soit de 30 millions d’habitants. Il va sans dire que ce sont les villes qui ont le plus profité de cet essor : la population de San Francisco a augmenté au cours de cette période de 30% et celle de Houston de 70%. Au Nord, la natalité étant faible et l’émigration forte, la population est restée stable, voire a diminué, comme dans le Dakota du Nord.

Le relief américain est organisé de manière plus simple qu’en Europe. Trois grands ensembles se distinguent. On trouve au centre des Etats-Unis une vaste plaine qui s’étend des cinq grands lacs du Nord jusqu’au golfe du Mexique. En se dirigeant vers l’Ouest, on trouve lesGrandes plaines, situées environ à 1000 mètres d’altitude, puis les montagnes Rocheuses qui culminent à plus de 4400 mètres. Ensuite, après les monts Wasatch, se trouve le Grand bassin : c’est un terrain très irrégulier où l’on voit tour à tour de grandes crêtes et de profondes cuvettes. Sur les côtes du Pacifique se trouve la région sismique de la vallée de San Francisco, encaissée entre deux chaînes de montagnes : au Nord La Sierra Nevada et la chaîne de Cascades, et au Sud les monts San Bernardino. La variété des reliefs et l’étendue des territoires expliquent la présence de climats divers. Le pays, s’il est soumis dans l’ensemble à un climat continental grâce à la protection des montagnes de l’Ouest, est cependant divisé en 4 grandes zones :

- Le Nord-Est : continental humide.
Cette région connaît des hivers très froids et des précipitations abondantes. Cela s’explique par l’influence des grands lacs, de l’Atlantique et du courant du Labrador.

- Le Sud-Est : subtropical.
Cette zone est très humide, et très chaude en été. Les hivers sont plutôt doux.

- Le centre : climat sec.
Cette région est très aride, voire désertique, comme dans la vallée de la mort. A l’Ouest des Rocheuses, alternent les déserts et les steppes.

- La côte Ouest : deux régions.
Au Nord, le climat est océanique : les amplitudes thermiques sont faibles, et les précipitations importantes.

Au Sud, il s’agit d’un climat méditerranéen : les précipitations sont faibles, et l’été est chaud.

Il apparaît donc que de par son immensité, le territoire américain est très diversifié. Si certaines zones sont plutôt hostiles, d’autres sont très accueillantes. Il faut cependant, pour caractériser les Etats-Unis, tenir compte des richesses naturelles. En effet, d’abord, les sols sont très fertiles, si l’on excepte bien sûr l’Alaska et les déserts du Nevada. Les plaines du centre sont riches en humus, et des alluvions sont déposés par le Mississippi et ses affluents.

Ensuite, les ressources énergétiques sont considérables : le charbon est abondant et facilement accessible : les Etats-Unis sont le premier producteur mondial de charbon, avec plus de 850 millions de tonnes par an. Par ailleurs, les Etats-Unis exploitent les hydrocarbures : ils produisent près de 15% de la production mondiale de pétrole, et près de 25% de la production mondiale de gaz naturel. Les sous-sols américains sont riches de métaux, notamment dans les régions montagneuses : plomb, zinc, cuivre, etc.

Enfin, les Etats-Unis bénéficie d’une hydrographie qui offre beaucoup de possibilités : l’eau fluviale permet de produire de l’énergie électrique, et d’irriguer de grandes surfaces cultivées.

En définitive, les Etats-Unis se caractérisent par leur immensité, leur diversité et leurs richesses naturelles. En effet, si la taille imposante du territoire induit la présence de climats très variés, et donc des densités de population très contrastées, quasiment toute la surface du pays jouit de richesses naturelles abondantes.

A. Démographie et urbanisation.

On peut caractériser la population des Etats-Unis d’une part en étudiant le melting-pot des ethnies ; d’autre part, il apparaît que la société américaine est avant tout urbaine.


La population américaine est très hétérogène. Si la plus grande partie de la population est blanche et descend des colons européens, 20% de la population est issue de minorités ethniques ; il s’agit principalement des noirs, des " latinos ", et des asiatiques. La société américaine en effet se présente comme une terre d’accueil : elle reçoit chaque année entre 600 000 et 800 000 immigrés, auxquels s’ajoutent les immigrés clandestins. En 1992, il y a aux Etats-Unis plus de 30 millions de noirs, soit plus de 10% de la population. Cette ethnie se caractérise par un taux de croissance élevé qui s’explique par une forte natalité (2,24%). Les noirs ont en général des conditions de vie précaires : sous payés, souvent au chômage, sans protection sociale efficace, ils vivent pour la plupart en ville, dans de véritables ghettos comme Harlem, à New York, où le Bronx. Ceux que l’on appelle les " latinos " sont hispanophones et représentent près de 10% de la population totale. Ils vivent en général dans le Sud-Ouest (Nouveau Mexique, Californie). Emigrés parfois illégalement du Mexique, ils offrent une main d’oeuvre très bon marché. La population asiatique s’élève à 8 millions de personnes qui vivent principalement dans les îles Hawaï ou en Californie. Cette minorité est en général beaucoup moins défavorisée que la communauté noire ou hispanophone.

La population américaine est avant tout urbaine : 80% de la population vit en ville, et il y a plus de 120 agglomérations de plus d’un million d’habitants. On trouve aux Etats-Unis de grandes zones fortement urbanisées, notamment dans la région des Grands lacs, de Boston à Détroit avec la Mégalopolis qui s’étend de Boston à Baltimore. Par ailleurs, sur la côte Ouest se trouvent d’énormes agglomérations qui dépassent les 8 millions d’habitants.

Grandes agglomérations

Millions d’habitants en 1990

New York

18

Los Angeles

14,5

Chicago

8

San Francisco

6

Philadelphie

5,8

Detroit

4,6

Washington

4

Dallas

3,9

Miami

3,2

Cleveland

2,8

Seattle

2,5

Saint-Louis

2,4

Baltimore

2,3

Minneapolis

2,2

Phoenix

2,1

 

Les villes américaines, plus récentes que les villes européennes sont organisées différemment : elles sont quadrillées par des grandes avenues qui les traversent de part en part. En général, on trouve un centre industriel (Downtown), qui date du XIXème siècle, devenu souvent un ghetto pour les minorités ethniques, un quartier des affaires (Central Business District) qui se caractérise par ses grattes ciels. Autour de ce centre se trouvent des quartiers également habités par des minorités ethniques, puis des banlieues résidentielles où vivent les populations aisées blanches.

B. L’économie américaine.

L’économie américaine se caractérise avant tout par le libéralisme.
La concurrence est le maître mot de cette économie. Le pays compte plus de 14 millions d’entreprises, dont 25 figurent parmi les 100 premières mondiales. Le marché est souvent dominé par des très grandes entreprises (on parle alors d’oligopole), parmi lesquelles se trouvent par exemple General Motors, IBM ou Texaco. Cependant, depuis le début du siècle, les lois antitrust visent à éviter qu’une entreprise obtienne un monopole : ainsi la libre concurrence est respectée et les prix restent acceptables. Par ailleurs, l’état, surtout lorsqu’il est dirigé par des démocrates comme Bill Clinton, intervient de plus en plus dans l’économie, en subventionnant l’agriculture, ou en achetant à des entreprises privées. Les Etats-Unis s’apparentent donc à un géant économique qui semble dominer le monde entier dans tous les secteurs : qu’en est-il vraiment ? On pourra étudier d’abord deux grands domaines économiques : l’industrie, puis l’agriculture, pour ensuite se demander si cet empire est menacé.

L’industrie américaine est la première au monde. En effet, elle est puissante et variée : le secteur de la métallurgie par exemple est très développé, puisque les Etats-Unis fournissent près de 1/6 de la production mondiale d’aluminium. Cependant, depuis les années 1960, la sidérurgie américaine est dépassées par celle du japon ou de la Chine : l’industrie lourde américaine est en perte de vitesse. Par ailleurs, ce pays produit, avec de grandes firmes comme General Motors ou Ford 11 millions de véhicules par an, soit 1/5 de la production mondiale.

L’industrie de pointe n’est pas en reste, puisque IBM et Apple sont des entreprises d’informatique américaines, Boieng contrôle plus de la moitié du marché mondial de l’aéronautique, et la NASA réalise des programmes spatiaux ambitieux, comme le lancement des navettes Challenger et Discovery. Les industries lourdes sont localisées là où se trouvent les matières premières : les usines sidérurgiques sont donc implantées principalement dans la région des grands lacs ; le charbon est produit dans les Appalaches. Les industries de consommation, comme les entreprises automobiles sont basées avant tout dans le Nord-Est, que l’on appelle également " industrial belt " : il s’agit de détroit et du Michigan. Cependant, peu à peu, depuis la seconde guerre mondiale, l’Ouest et le Sud se sont industrialisés. En effet, la Sun Belt a été le théâtre d’un remarquable développement : la NASA est installée en Floride et en Alabama ; le siège de Boieng est à Seattle ; la Silicon Valley se trouve dans la région de San Francisco.

L’agriculture a en Amérique une part importante dans l’économie du pays : il s’agit d’un véritable complexe agro-industriel qui emploie 25 millions de personnes. Il y a en tout plus de 20 millions d’hectares de terres cultivées, soit 1/5 de la superficie des Etats-Unis. La majeure partie des exploitations se situe dans le Middle West, notamment dans l’Illinois. Les espaces agricoles sont immenses : dès lors, l’agriculture se caractérise par l’utilisation en grand nombre de machines performantes.Depuis 1945, grâce à la mécanisation des outils agricoles et à l’utilisation croissante d’engrais, la productivité a été multipliée par trente. Aujourd’hui, les Etats-Unis fournissent plus de 10% de la production mondiale de blé, 20% de celle de la viande, et près de 50% de celle du soja. Cela a entraîné une surproduction : les prix se sont effondrés. On comprend alors pourquoi, depuis soixante ans, l’agriculture est subventionnée par l’état fédéral ; de plus, le gouvernement incite fortement à geler des terres et à exporter. Les exportations sont cependant soumises au cours du dollar : l’agriculture a connu une grave crise dans les années 1980 lorsque le dollar atteignait la valeur de 10 francs.

Il apparaît lorsque l’on observe l’industrie et l’agriculture américaines que les Etats-Unis sont l’une des plus grandes puissances économiques mondiales. Cependant, ce constat est à nuancer. D’abord, les Etats-Unis doivent faire face à une concurrence étrangère de plus en plus importante. Dans le domaine de la sidérurgie, la productivité américaine est faible : il faut dès lors importer des métaux japonais ou européens ; le constat est le même en ce qui concerne l’industrie de consommation : l’importation de véhicules asiatiques augmentent sans cesse, et il en est de même pour les textiles ; les Etats-Unis importent des produits de la CEE et surtout des NPI. Dès lors, depuis 1970, la balance commerciale est déficitaire : les Etats-Unis importent plus qu’ils n’exportent : ce pays représente 14,5% des importations mondiales contre 13% des exportations. Ensuite, ce pays est de plus en plus endetté : les sociétés ont investi dans les capitaux étrangers, et aujourd’hui la dette s’élève à 60% du PNB, alors qu’elle n’était que de 33% du PNB en 1980.

En conclusion, les Etats-Unis sont l’une des plus grandes puissances économiques mondiales dans beaucoup de domaines, mais l’augmentation des importations, la productivité parfois insuffisante, et l’augmentation des importations a fragilisé l’équilibre commercial : l’empire économique américain semble donc en déclin.

C. Le dynamisme des régions.

Le coeur des Etats-Unis est avant tout le Nord-Est. Cependant, depuis quelques années, un rééquilibrage a lieu au profit notamment du Sud et de la côte Ouest.

Le Nord-Est est-il un centre en perte de vitesse ? D’abord, la région du Nord-Est accueille 1/3 de la population et 2/3 des sièges sociaux des grandes entreprises ; on appelle cette région " Manufacturing Belt ", car elle abrite une grande partie des entreprises industrielles la moitié des dix plus grandes agglomérations américaines : il s’agit bien du centre des Etats-Unis. Ensuite, le milieu naturel est favorable, puisque l’Atlantique et les grands lacs favorisent les échanges maritimes, et le sol fournit du fer, de la houille, et des hydrocarbures. Enfin, la Mégalopolis qui englobe Philadelphie, Baltimore, ou encore Washington est le centre de l’autorité fédérale. Mais, depuis quelques années, le Nord-Est est une région en perte de vitesse : l’industrie lourde est en récession, le chômage est élevé, les flux migratoires sont négatifs : même si la Manufacturing Belt tente de se moderniser, avec des entreprises comme IBM, il apparaît que le Nord-Est est une région vieillissante, en déclin.

Une zone périphérique prend par contre de plus en plus d’importance depuis une trentaine d’années : la Sun Belt. La main d’oeuvre étant moins importante, l’état fédéral a investi dans le Sud dans les domaines de la recherche et de l’armement. De plus, le climat est clément, surtout en hiver, et les sols sont riches : le Texas doit sa fortune à l’abondance de pétrole. On comprend dès lors que de nombreuses industries aient vu le jour dans cette région, qui de ce fait est devenue riche. Comme partout aux Etats-Unis, les inégalités demeurent : le Mississippi ou le Nouveau Mexique sont des états défavorisés, et même dans de grandes villes comme Dallas, les inégalités sociales sont flagrantes. La Sun Belt est le théâtre d’une croissance démographique importante : la Floride comporte 12 millions d’habitants, soit 6 fois plus qu’avant la seconde guerre mondiale. Sur la côte Ouest se trouve l’état le plus peuplé, la Californie, qui compte 30 millions d’habitants. C’est une région à forte activité économique, la première région agricole du monde. Il apparaît que si la Sun Belt n’a pas encore l’importance du Nord-Est sur le plan politique, ni même sur le plan économique, c’est une région en plein essor.